Miscellanées, le site de Christian Féron
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Armurier, une question de famille


Mon père et mon grand-père dans leur ancien atelier 125 rue du Théâtre à Paris XVe, en Octobre 1961.

Ce fut le dernier atelier effectuant les trempes jaspées à Paris. Tous types de réparations d'armes modernes ou anciennes y étaient faites, ainsi que les bronzages de canons à la couche, la fabrication des crosses, mais aussi la réalisation et la transformation de carabines.

Mon père et mon grand-père étaient Maîtres d'Oeuvre d'Arquebuserie, titre qu'ils m'ont transmis avec les secrets de métier allant de pair. De nos jours, l'expression Maître Armurier est utilisée improprement, car les armuriers fabriquaient les armures. C'étaient les arquebusiers qui fabriquaient les arquebuses, donc les armes à feu. Ceux qui confondent les deux ne font qu'étaler leur ignorance. (voir Arquebusier et armurier, quelle est la véritable définition ?)

Pendant la guerre, mon grand-père réparait des armes pour la Résistance, qui était organisée sur Paris par le colonel Rol-Tanguy, tout en ayant comme couverture la réparation des vélos. Avant-guerre, il avait travaillé dans l'atelier de Modé-Pirlet rue de Richelieu à Paris, prédecesseur de Callens & Modé. Après la guerre, il continua son activité, de manière totalement déclarée cette fois. Il eut comme clients un nombre important d'armuriers parisiens, sans parler de nombre de personnes connues qui fréquentèrent ce lieu.

Parfois, des visiteurs venaient dans l'atelier uniquement pour regarder et discuter, uniquement parce qu'ils trouvaient cette activité intéressante. Aussi; Gaston avait posé deux panneaux où l'on pouvait lire : « Rien n'est plus gênant pour ceux qui travaillent que la présence de ceux qui ne font rien » et « Votre temps est précieux, le nôtre aussi, ne le gaspillez pas », ce qui illustre bien le caractère de mon aïeul.

Ses opinions politiques ne faisaient pas mystère, puisqu'il gravait la croix de Lorraine sur les mordaches de son étau. Pour ceux qui l'ignoreraient, la croix de Lorraine était l'emblème du général de Gaulle et des mouvements gaullistes. Comme quoi, en ce temps-là, un armurier pouvait avoir des opinions populistes et montrer clairement celles-ci...

C'est dans cet atelier que mon père fit l'apprentissage du métier puis exerça longtemps, avant de s'établir au milieu des années 1960 au sud de Paris.

Lorsque j'étais enfant, il m'est arrivé de jouer à coté des établis. Je me souviens encore de l'atmosphère très particulière de ce lieu, où s'amoncelait toute une multitude d'armes à feu très diverses. Les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent pas imaginer l'impression de liberté que cela donne, car avec un bon atelier et des connaissances, on peut tout faire...

Pour la petite histoire, ces clichés ont été pris par un photographe assez connu à l'époque, dont la spécialité était de saisir sur le vif les stars du moment. Une fois, celui-ci avait dû s'enfuir précipitamment après avoir essayé de photographier Brigitte Bardot, par dessus les murs de la Madrague, dans les années 1960.

En aucun cas, ce document et son contenu ne sont une incitation à faire ou à utiliser ce qui est montré ici. L’utilisation des informations contenues dans cette page relève de votre pleine et entière responsabilité quant aux dommages de tous ordres qui pourraient en résulter. Les travaux photographiés ont été réalisés du temps où j’étais établi en qualité d’armurier fabricant muni de l’autorisation de fabrication d’armes de guerre. Toutes ces armes ont été livrées à des chasseurs, tireurs, collectionneurs, représentants des forces de l’ordre et des corps constitués, musées, possédant les autorisations requises lorsqu’il y avait lieu.

Le seul et unique but de cette page est de faire découvrir l’artisanat et ses réalisations dans le monde de l’armurerie, ainsi que dans d’autres domaines utilisant des techniques communes ou apparentées.

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