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Le journalisme, un métier d'avenir ?

par Christian Féron - août 2013

Alain Soral disait : « Il n'y a pas de journaliste français honnête. Un journaliste français honnête c'est un chômeur, et un journaliste qui travaille c'est une pute » (1).Des propos dont la conclusion se confond avec l'insulte.

Personnellement, obtenir ma carte de presse a été le parcours du combattant : d'abord plusieurs années de pratique en qualité de reporter-photographe, puis un volumineux dossier (plus de 4 centimètres d'épaisseur...) contenant mes articles les plus importants. Ma carte de presse de journaliste professionnel, je peux dire que je l'ai vraiment obtenue à la régulière.

Les horaires des confrères que j'ai croisés étaient tout aussi surchargés que les miens. Il n'est pas rare que certains travaillent plus de 70 heures par semaine, cela m'est arrivé aussi.

Journalistes, soyez conscients que, malgré des conditions de travail éprouvantes, certaines personnes arriveront encore à vous faire des reproches. Si l'un d'entre nous commet une faute en ne respectant pas la charte des journalistes, cela rejaillit sur tous les autres qui, pourtant, n'y sont pour rien.

Un écrivain digne de ce nom mettrait-il tous les professionnels - les « putes » dans la citation - dans le même sac ? Non, il ferait la distinction avec les « journalistes de propagande ». Cette notion manque, malheureusement, dans le propos de Soral. Pourtant, elle est essentielle : feriez-vous abattre un troupeau entier sous prétexte qu'il contient seulement quelques moutons noirs ?

De même, il est injuste de jeter l'opprobe sur l'ensemble d'une profession, de manière inconsidérée, à cause de quelques personnes seulement.

Journaliste : une bonne planque ?

Certainement pas. Il s'agit d'une activité très prenante et difficile. Ce serait plutôt un « métier de chien ». C'est à n'importe quelle heure, et vous êtes heureux lorsque vous pouvez prendre un jour de repos par semaine.

Egalement, j'ai rencontré beaucoup de correspondants qui n'ont eu droit, en tout et pour tout, qu'à une carte de correspondant. Pourtant, ils auraient pu obtenir une carte de presse s'ils en avaient fait la demande. Quelle est la condition sine qua non ? Tirer la plus grande partie de son salaire de cette activité. C'était bien leur cas. Mais, apparemment, personne ne leur avait révélé ce "petit détail". Pourquoi ?

Parce que le secteur de la presse écrite est en crise (2). Nombreux sont les journaux subventionnés. Par contrecoup, les places sont chères, les conserver demande beaucoup de travail. De nos jours, rares sont ceux qui proviennent directement du terrain, la plupart des journalistes sortent des écoles. Ils ne trouveront pas forcément une place dans une rédaction, car l'offre dépasse la demande des employeurs.

Une fois un emploi obtenu, il faut protéger celui-ci. Or, par qui les informations remontent-elles au sommet de la hiérarchie d'un journal ? Par les rédacteurs en chef. Dès lors, deux interrogations : ceux qui sont en haut sont-ils vraiment les meilleurs ? Et ceux qui sont en bas n'auraient-ils pas intérêt à ne pas faire de vagues, afin de protéger leur maigre salaire péniblement gagné ? Ce sont juste des questions, il ne faut pas y chercher de critique.

D'ailleurs, vous êtes-vous demandé pourquoi il y avait si peu de blogs de journalistes, de reporters-photographes ou de pigistes, racontant quelques-uns de leurs souvenirs, ainsi que les difficultés du métier ? Uniquement parce que cela n'intéresserait personne ? Ah bon, vraiment ?

Les journalistes ont la cote

Pour le grand public français, journaliste est le 3e métier préféré (3). Pourtant, la France est classée 38e en 2013 au palmarès de la liberté de la presse (4), et le métier de journaliste est considéré comme un des plus pénibles à exercer (5), suivi de bucheron et militaire. On parle aussi de la mort annoncée de la presse écrite (6).

Il est donc clair que la perception du public sur le journalisme ne correspond pas à la réalité.

Alors, la 38e place de la France est-elle à relativiser ? Le métier de bucheron est-il préférable grâce à la proximité de la nature ? Celui de soldat est-il pire parce que l'on y risque sa vie ? Avant de commettre une erreur de jugement, regardez-y à deux fois...

Sources

  1. Conférence de Toulon du 29 janvier 2012.
  2. Crise de la presse (wikipedia)
  3. E-Orientations
  4. Reporters sans frontières
  5. Careercast
  6. Observatoire des médias

 

 

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