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Remises à neuf


Les remises à neuf permettent de redonner l'aspect d'origine d'une arme, comme du temps où elle était neuve.

Cela nécessite un grand nombre d'heures étant donné la longue succession d'opérations nécessaires, dont voici une partie de la liste :

  • réparation des diverses pannes, avec remplacement ou fabrication des pièces nécessaires.
  • démontage total de l'arme (sur les carabines à verrou : démontage du canon uniquement si besoin est), retrait des vis bloquées ou foirées (et fabrication de nouvelles vis s'il y a lieu).
  • si l'arme comporte des gravures ou des inscriptions, en prendre l'empreinte pour le graveur.
  • polissage soigné de toutes les parties métalliques, afin de retirer les traces d'oxydation, puis réfection de la gravure avec les empreintes effectuées précédemment.
  • remise en état des bois pour faire disparaître les coups et griffures (voire remplacement), avec revernissage ou huile de lin selon le traitement initial.
  • Quadrillage de la poignée et de la longuesse, de préférence avec le même écartement de lignes qu'à l'origine.
  • traitement de surface en faisant les mêmes que ceux d'origine (autant que possible)...

Bien évidemment, cela doit être fait dans le style de chaque fabricant. Chacun d'eux ayant ses particularités, il faut donc posséder des vernis et des méthodes de bronzage, de jaspage ou de bleuïssage parfaitement équivalentes...

Ci-dessous, une remise à neuf sur une carabine Holland & Holland en calibre 300 H&H :

Remise à neuf sur carabine Holland Holland

Une autre remise à neuf sur un double-express juxtaposé Joseph Lang calibre 470 nitro :

Remise à neuf sur carabine double-express Joseph Lang 470 Nitro

Restauration et remise à neuf sur une carabine ancienne de match en 10,4 suisse :

Restauration et remise à neuf sur carabine de tir suisse de match AYDT

Restauration et remise à neuf sur un fusil de la Manufacture d'Armes et Cycles de Saint-Etienne, modèle Idéal-Eclair. Ils étaient fabriqués à la fin du XIXe siècle. La particularité de ce juxtaposé est d'avoir une bascule en acier damas, de même que son canon :

Restauration et remise à neuf sur Juxtaposé Idéal Eclair

Remise à neuf sur un fusil Gastinne-Renette :

Remise à neuf sur juxtaposé Gastinne-Renette

Ci-dessous, détail de la crosse, qui a été remplacée. On peut voir que la bascule et les platines sont en relime de type Lebeau Courally (à corps arrondis). Les crosses des fusils à platine artisanaux sont taillées dans un bloc de noyer brut, et sont faites à la main.

Remise à neuf sur juxtaposé Gastinne-Renette, détail de la crosse

Le traitement de protection des bois a été réalisé à l'huile de lin. Afin d'obtenir un aspect brillant-satiné (comme on peut le voir sur cette photo), il faut connaître le truc permettant à l'huile de sécher et de durcir. Dans certaines écoles d'armurerie, on n'enseignait pas cette astuce, car elle était inconnue des professeurs...

Bleuissages

Les bleuissages permettent de donner un bel aspect aux mécanismes. Il est possible de jaunir ou de bleuïr les pièces avec le même procédé.

Ci-dessous, après restauration, une paire de platines très particulière, car munie d'un système de rebondissants, ce qui est rare pour un système à chiens extérieurs :

Platines - mécanisme de fusil à platines

On voit bien la couleur bleue sur la bride de noix, et la couleur jaune sur les gachettes. Le polissage tiré de long du corps de platine, est traditionnel et met les détails du mécanisme en valeur.

Le même procédé est utilisable pour colorer des pièces externes. La difficulté est alors d'obtenir une teinte uniforme car, si l'on utilisait un chalumeau pour cela, le résultat serait aléatoire et risquerait d'endommager la pièce à traiter. Le chalumeau est donc à proscrire totalement ici, sinon la teinte sera irrégulière et le métal, partiellement détrempé, aura une dureté irrégulière nuisant à la solidité.

Rares sont les armuriers connaissant les moyens d'obtenir le bleu autrement qu'au chalumeau.

La plupart d'eux pensent qu'il est impossible de faire co-exister deux couleurs unies, parfaitement délimitées, avec le moyen utilisé.

S'ils pariaient là-dessus, ils perdraient, comme le prouve la photographie ci-dessous (un exemple sur des platines de superposé BRNO que j'avais traitées dans ma jeunesse ; montrer que c'est possible est, peut-être, de trop...) :

exemple de bleuissage

Ce procédé à deux couleurs ne dépose aucun sel chimique et n'utilise pas l'électrolyse. L'étude des dépôts de surface en laboratoire ne trouvera, par conséquent, rien de particulier. Inutile de préciser que l'indispensable tour de main n'est expliqué dans aucun livre.

Ce secret, je l'appelle la clé des couleurs, car il ouvre l'acier à toutes les teintes de l'arc-en-ciel.

En aucun cas, ce document et son contenu ne sont une incitation à faire ou à utiliser ce qui est montré ici. L’utilisation des informations contenues dans cette page relève de votre pleine et entière responsabilité quant aux dommages de tous ordres qui pourraient en résulter. Les travaux photographiés ont été réalisés du temps où j’étais établi en qualité d’armurier fabricant muni de l’autorisation de fabrication d’armes de guerre. Toutes ces armes ont été livrées à des chasseurs, tireurs, collectionneurs, représentants des forces de l’ordre et des corps constitués, musées, possédant les autorisations requises lorsqu’il y avait lieu.

Le seul et unique but de cette page est de faire découvrir l’artisanat et ses réalisations dans le monde de l’armurerie, ainsi que dans d’autres domaines utilisant des techniques communes ou apparentées.

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