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Restauration sur un pistolet Lancaster en cal. 476 à 4 coups


Cette arme impressionnante a été créée en 1881 et se faisait en calibre 455 et 476. Les officiers anglais préféraient ce pistolet au revolver Beaumont-Adams, à cause de son grand pouvoir d'arrêt, de sa rapidité de tir et de rechargement.

Pistolet Lancaster cal. 476 Nitro, vue du côté droit

Vue du côté droit, une fois les travaux terminés.

Avant de procéder à la restauration, l'empreinte de tous poinçons et marquages a d'abord été relevée. L'ancien bronzage étant trop abimé, j'ai procédé à un polissage en long soigné. Cela a permis de faire disparaître tous les accidents de surface (coups, rayures). Après, l'arme a été confiée à un graveur pour rétablir une netteté parfaite des marquages. L'arme était alors revenue à l'état du neuf, mais en blanc, pas encore bronzée.

Pistolet Lancaster cal. 476 Nitro démonté

Sur cette photo, on peut observer le percuteur tournant, sorte de cylindre permettant la percution successive des 4 coups.

Les anciennes plaquettes de crosse étant trop abimées, j'en ai fabriqué de nouvelles. Pour cela, j'ai utilisé un bloc de noyer de 30 ans de séchage, tranché en deux de manière à obtenir le même veinage sur chaque plaquette. J'ai ensuite réalisé le quadrillage à la main, exactement comme si l'on avait été à la fin du XIXe siècle, période à laquelle cette arme fut fabriquée.

Pistolet Lancaster cal. 476 Nitro, vue du côté gauche

Ensuite, j'ai remis le canon en couleur selon la technique de l'époque, avec un bronzage par oxydation à la couche. Pour finir, j'ai traîté les pièces accessoires en bleu thermique, exactement comme à l'origine.

Pistolet Lancaster cal. 476 Nitro, canon vu de haut

Concernant l'intérieur des tubes, un observateur peu attentif aurait dit : « les canons ne sont pas rayés, ils sont lisses ». Erreur... Un examen visuel soigneux révèle un polissage hélicoïdal bien visible. Une prise de mesures montre que le diamètre interne n'est pas parfaitement égal sur toute la circonférence.

En fait, cela ressemble à une âme polygonale, mais munie de 4 sommets seulement. Et cela avec un siècle d'avance par rapport aux pistolets Glock... Certes, les caractéristiques mécaniques sont certainement différentes à cause des projectiles en plomb utilisés à l'époque.

Malheureusement, certains armuriers pressés ont parfois procédé à un polissage en rond de l'intérieur des tubes, afin d'ôter d'eventuelles piqûres. Ils ont fait disparaître, du même coup, cette particularité remarquable, autant dire un véritable crime ! Sans parler de la perte de valeur en cas de vente, si l'acheteur connaît ce détail.

Bref, le pistolet sur ces photos est l'un des derniers à posséder encore son âme à 4 sommets.

Puisqu'aucun livre n'indique cette particularité, combien d'autres armuriers que moi savent-ils cela ? J'espère de tout coeur que mes confrères me liront, sinon ils risqueront d'endommager l'arme qui leur a été confiée.

En aucun cas, ce document et son contenu ne sont une incitation à faire ou à utiliser ce qui est montré ici. L’utilisation des informations contenues dans cette page relève de votre pleine et entière responsabilité quant aux dommages de tous ordres qui pourraient en résulter. Les travaux photographiés ont été réalisés du temps où j’étais établi en qualité d’armurier fabricant muni de l’autorisation de fabrication d’armes de guerre. Toutes ces armes ont été livrées à des chasseurs, tireurs, collectionneurs, représentants des forces de l’ordre et des corps constitués, musées, possédant les autorisations requises lorsqu’il y avait lieu.

Le seul et unique but de cette page est de faire découvrir l’artisanat et ses réalisations dans le monde de l’armurerie, ainsi que dans d’autres domaines utilisant des techniques communes ou apparentées.

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